✦ Mercure rétrograde en Lion ✦
17 juillet – 11 août 2025
Mercure, le fripon divin, messager ailé des dieux, entame sa rétrogradation dans le feu royal du Lion. Comme une plongée dans l’arrière-scène de notre esprit, il nous invite à retrouver l’innocence perdue : ces idées, ces élans, ces lectures ou passions qui faisaient autrefois chanter notre cœur, peut-être empreints d’un goût d’enfance et de jeu sacré.
Mercure rétrograde en Lion évoque l’archétype de l’Enfant Divin, inspiré par cette phrase de Jung :
« L’enfant est l’abandonné, le délaissé, et en même temps le divinement puissant ; il est le début insignifiant, douteux, et la fin triomphante. L’éternel enfant dans l’homme est une expérience indescriptible : un état d’inadaptation, un défaut et une prérogative divine… »
Dans son ombre, cet enfant devient Peter Pan : celui qui refuse de grandir, de s’engager, préférant vivre dans l’éternité du présent, libre de toute contrainte. Il fuit le senex, le vieil homme sage, l’ombre saturnienne qui l’appelle pourtant à donner forme à ses idées, à incarner la structure capable d’abreuver le monde de sa sève vivante.
Mais dans sa lumière, Mercure en Lion est une promesse divine : la reconquête du cœur créateur. Il ravive en nous la confiance rayonnante, la joie inspirée, la capacité à transmettre des pensées enflammées par la vie.
Ce passage rétrograde est une invitation à réviser l’image que nous portons de cet archétype en nous :
Est-il étouffé, nié, oublié ?
A-t-il besoin d’être réveillé, nourri, honoré ?
Mercure vient alors déposer dans notre quotidien des messages, des clins d’œil du destin, des éclats de souvenirs, des rencontres qui réaniment la passion du cœur, qui ramènent la joie dans nos études, dans nos lectures, dans nos dialogues , dans nos pensées mêmes.
Car au cœur de l’été, dans la lumière vibrante du Lion, il peut aussi nous rappeler l’existence d’une quête de sens incarnée : non plus un sens abstrait, mais un sens vécu, ressenti dans l’instant à travers les jeux, l’amour, la création, la présence vivante au monde.
Mais pour d’autres, il viendra peut-être révéler l’excès du mythe : cette fuite chronique dans l’illusion, ce refus de maturation, cette peur de descendre dans le temps et de se confronter au réel, au senex, à Saturne, ce grand père intérieur qui exige ancrage et durée.
Or, Mercure est aussi psychopompe. Il nous guide, dans ses détours, vers des révélations profondes.
En Lion, il devient le flambeau de la conscience solaire : et si nos pensées pouvaient vibrer à l’unisson de notre quête héroïque ? Et si notre esprit pouvait épouser le rythme de notre cœur pour que notre parole devienne création ?
Il devient l’appel du daïmon. Cette voix intérieure, oubliée dans le tumulte du monde, nous parle en silence depuis les détours, les retards pendant cette rétrogradation.
Selon les Anciens, le daïmon est cette essence singulière qui nous habite et nous guide,
Et si Mercure rétrograde, farceur ailé, était le messager de ce daïmon ?
──────────── ⋆⋆⋆⋆⋆ ────────────
✦ Nouvelle Lune en Lion ✦
24 Juillet
La Nouvelle Lune vient intensifier cet appel, coprésente à Mercure rétrograde, et opposée à Pluton. C’est un moment de vérité : Fin des faux-semblants, Fin des masques,
Fin des fausses quêtes.
Pluton, le grand vengeur des lois naturelles, nous confronte à toutes les fois où nous avons usurpé la lumière du Soleil. Là où, au lieu de rayonner naturellement, nous avons cherché à briller à tout prix, poussés par un besoin dévorant de reconnaissance. Là où, coupés du cœur, la lumière devient factice, et la joie, une illusion.
Pluton-Hadès, vêtu de sa cape d’invisibilité, infiltre les souterrains de notre conscience. Il devient angoisse sourde, compulsion, obsession. Dans ces moments, nous ne pouvons plus boire du Graal : comme le Roi Pêcheur, nous sommes blessés dans l’âme, inaptes à la joie, incapables d’aimer vraiment.
Mais cette Nouvelle Lune nous invite à une initiation profonde. Pour certains, Pluton viendra dissoudre les masques et les faux désirs. Il nous pousse à mourir à ce besoin d’approbation, à ce manque cruel d’amour ou de reconnaissance. Dans la métamorphose qu’il nous propose, il nous ouvre à la richesse cachée : une force intérieure intacte, incandescente, prête à créer, à offrir, à rayonner autrement. C’est là, lorsque nous avons apprivoisé les monstres du dessous, que nous pouvons vraiment rayonner. Lorsque nous dansons avec l’impermanence, que nous acceptons le drame sans y être engloutis, alors le dragon devient allié créateur.
Nos obsessions deviennent alors art.
Nos blessures deviennent lumière.
Notre parole devient offrande.
Mais pour d’autres, Pluton viendra rééquilibrer la loi de polarité. Non pas en révélant un excès solaire, mais au contraire un effacement du rayonnement : une difficulté à assumer sa singularité, à incarner pleinement son Soleil car trop de fatigue face aux narcissismes , trop d’overdose de fausses lumières, trop de rejet de l’égo saturé des temps modernes.
Dans cette fuite, certains se sont réfugiés dans les idéaux humanistes du Verseau, préférant la sécurité de l’intellect collectif à la mise en jeu de leur propre flamme. Pourtant, à trop s’effacer, on prive l’ère nouvelle de certains dons solaires uniques — ceux-là mêmes que l’âme avait reçus en offrande.
Et Pluton, dans sa force de purification radicale, vient nous poser la question :
Qu’avons-nous fait de ce feu ? À quel moment avons-nous décidé qu’il était plus noble de s’effacer que de rayonner ?
N’oublions pas qu’Apollon, le dieu solaire, n’était pas seulement l’incarnation de la beauté et de l’harmonie il était aussi celui qui guérit, qui libère les lignées de leurs malédictions, celui qui éclaire les parts cachées et les réintègre dans l’ordre du monde.
Parfois, rayonner, ce n’est pas s’exhiber.
C’est oser assumer la responsabilité d’une lumière intérieure, et la laisser œuvrer, non pas pour soi, mais au service du vivant.
Dans l’axe Lion/Verseau, il y a une tension précieuse :
En Lion, nous risquons de nous prendre pour des dieux. En Verseau, nous rêvons d’une humanité idéale, mais parfois désincarnée.
Entre les deux, se tient la voie du porteur d’eau : Celui qui unit feu et air, cœur et vision, rayonnement et service. Comme le dit Jung, le porteur d’eau est le seul capable de résoudre la tension des opposés .
Enfin, la veille de cette Nouvelle Lune, Mars et Vénus se confrontent dans un carré :
Nouvelle invitation à faire danser en nous les forces contraires, à ne plus fuir le conflit créateur, mais à l’habiter comme une tension féconde.